Fraîchement débarquée du monde de la série et du documentaire, Léa Domenach fait une entrée fracassante au cinéma avec un portrait aussi tendre que jubilatoire de Bernadette Chirac. Pour l’occasion, on a échangé avec la cinéaste sur sa vision du personnage.

Comment en vient-on à choisir un tel sujet pour un premier long-métrage ?

C’est une idée qui m’a trotté en tête pendant longtemps. Je l’avais déjà pitchée en 2015 , lors d’un atelier long-métrage de la Fémis. Bernadette Chirac, c’est vraiment un personnage de mon enfance et de mon adolescence. Déjà, parce qu’à l’époque, c’était la femme du président. Ensuite, parce que mon père [Nicolas Domenach, ndlr], qui est journaliste politique, a beaucoup travaillé sur les Chirac. C’était une femme dont je n’avais pas forcément une très bonne image, je la trouvais un peu acariâtre – la faute aux Guignols de l’Info, qui, à l’époque, ne l’ont pas vraiment aidé de ce côté-là ! [rires]. Grâce au documentaire d’Anne Barrère [journaliste et productrice, elle a aussi été la conseillère en communication de l’ex-Première dame, ndlr] , Bernadette Chirac, mémoires d’une femme libre (2016), j’ai découvert une femme drôle, sans langue de bois, très irrévérencieuse. J’y ai aussi découvert l’histoire d’une femme qui avait réussi à prendre sa revanche.

Le choix de Catherine Deneuve pour incarner Bernadette Chirac s’est-il imposé comme une évidence ?

Ma première pensée est allée vers elle. Malgré tout, quand on a commencé l'écriture avec ma co-scénariste Clémence Dargent, on a vraiment essayé de créer un personnage qui n’avait pas de figure. Catherine Deneuve et Bernadette Chirac, ce sont deux icônes. Or, il fallait qu’on puisse les oublier dans le personnage, qu’on crée une sorte de troisième voie. Un personnage qui ne soit ni vraiment l’une, ni vraiment l’autre. Bien sûr, maintenant que le film est terminé, elle apparaît comme une évidence pour le rôle.

Comment a-t-elle accueilli le projet ?

Son agent l’a encouragée à lire le scénario, et elle l’a beaucoup aimé. Elle nous a dit que c’était l’un des meilleurs qu’elle avait lus depuis très longtemps, qu’elle avait beaucoup ri en le lisant. D’ailleurs, elle riait beaucoup pendant les lectures, c’était très agréable ! Quand on s’est rencontrées, je lui ai tout de suite dit que je ne voulais pas qu’elle soit dans l’imitation de Bernadette Chirac, mais plutôt dans l’incarnation. Ça l’a tout de suite convaincue.

Votre film s’inscrit dans la lignée de Potiche (2010) de François Ozon, qui déjà, donnait à voir Catherine Deneuve dans la peau d’une femme qui décide de prendre sa revanche. Était-ce une de vos références ?

Pendant l’écriture, pas du tout. J’ai revu le film un peu avant le tournage, justement parce que beaucoup de monde y faisait référence. D’abord, parce que c’est Deneuve, mais aussi parce qu’il faut reconnaître que c’est l’un des seuls films qui raconte la trajectoire d’empowerment d’une femme de cet âge-là. Il a donc fallu s’en détacher. Dans Potiche, Catherine Deneuve incarne une chipie, c’est un personnage qui mène une sorte de double-jeu. Bernadette, c’est plutôt quelqu’un qui ronge son frein. Elle n’a qu’une seule envie, c’est d’en être !

Peut-on dire que vous avez fait de Bernadette Chirac une icône féministe ?

Mon film est féministe parce qu’il renverse le point de vue. On part d’une femme dont on s’est tant moqué, qui a longtemps été humiliée, et on choisit de raconter cette histoire selon son point de vue. C’est une sorte d’hommage à la "vieille tante aigrie" ; ces femmes de la génération de Bernadette qui – pour la plupart –, ont fait des études, mais ont été plus ou moins forcées à se ranger derrière leur mari, tandis que leurs filles ont eu l’opportunité de faire les carrières qu’elles n’avaient pas pu faire. J’en fais aussi un personnage féministe dans son discours, mais ce sont ses propres mots, je n’ai rien inventé !

On pourrait dresser un parallèle entre votre film et Barbie de Greta Gerwig, dans le sens où vous mettez toutes les deux en scène sous un prisme féministe une figure qui, jusqu’à présent, n’y était pas forcément associée.

Tout à fait. Je trouve ça génial que le film de Greta Gerwig soit si frontal sur la question du féminisme. Il y a tellement peu d’histoires de femmes filmées par des femmes au cinéma, qu’il est normal que ce soient des sujets qui explosent, y compris dans le cinéma grand public.

Cette interview est issus du Mag by UGC.

Bernadette, labellisé UGC Spectateurs, à découvrir actuellement dans nos salles.

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