Après le succès de son premier long-métrage Les Combattants (2014), Thomas Cailley est de retour avec un film qui imagine une société où la frontière entre l’humain et l’animal est progressivement abolie. On s’est entretenu avec le cinéaste sur les secrets de fabrication de son film.

Après un détour par le petit écran avec la série Ad-Vitam (2018), vous présentez Le Règne Animal, neuf ans après Les Combattants. Quelle est la genèse de ce projet ambitieux ?

À la fin de l’écriture des Combattants, j’ai eu la surprise de constater que le film tendait vers quelque chose de plus large que son point de départ. C'était intéressant de se rendre  compte qu’en partant de l’histoire  intime d’Arnaud [Kévin Azaïs, ndlr], un glissement s’était opéré vers quelque chose de plus existentiel et de plus spectaculaire. Après ce premier film, j’ai longtemps cherché une histoire qui permettait cette progression. Pour Le Règne Animal, avec ma co-scénariste Pauline Munier, on ne s’est autorisés à écrire qu’au moment où l’histoire qu’on avait commencé à imaginer prenait la forme de récits gigognes : l’histoire entre Émile et son père, couplée à celle d’une société qui doit redéfinir les frontières entre l’homme et l’animal.

Vous filmez les étendues forestières du Sud-Ouest comme rarement au cinéma.

J’ai débarqué en Gironde à l’âge de dix ans, après avoir passé mon enfance en Auvergne. Ces ciels immenses et ces forêts qui me semblaient infinies ont tout de suite été un territoire de fiction. En tournant mon premier film, j’avais fait la découverte de zones qui sont restées dans l’état dans lequel était la région avant l’implantation des pins, au XVIIIe siècle. Il y a quelque chose de touchant dans le fait de traverser une étendue de forêt de pins silencieuse, pour finalement arriver dans des endroits grouillants, où la biodiversité est très dense. C’était justement tout l’enjeu du film: mettre en scène un espace qui renoue avec la diversité du vivant.

Le travail réalisé sur les créatures est très impressionnant. Pouvez-vous nous parler de leur processus de conception ?

Avec l’auteur de bande dessinée Frederik Peeters, on a d'abord déployé un bestiaire qui essayait de recouvrir toutes les strates du vivant. À partir de là, les character designers Fabien Ouvrard et Stéphane Levallois ont pu réaliser des dessins encore plus précis. En parallèle, avec le storyboarder Sylvain Despretz, on a essayé d’anticiper les questions de mise en scène des mouvements des créatures. Le pari, c’était de faire le plus de choses possibles dans des décors réels, avec le corps des acteurs. On a donc essayé de trouver des gens qui avaient des façons particulières d’utiliser leur corps, afin de pouvoir y greffer nos technologies (animatronique, VFX, maquillage, chorégraphie…) en les hybridant au maximum selon les besoins de la scène.

Dans le film, le traitement réservé aux créatures renvoie aussi à la manière dont notre société traite les populations les plus fragiles.

La mutation renvoie à la différence, au regard qu’on porte sur elle en tant qu’individu, mais aussi en tant que société. Avec ma co-scénariste, nous étions très attachés au concept de mutation progressive. Si l’on efface d’un coup la frontière entre l’humain et l’animal, on reste très rassurés sur notre place dans le monde en tant qu’humain. Là, ce qui est troublant, c’est que cette frontière disparaît progressivement. On n’est plus capable de déterminer le moment où l’on cesse d’ être le semblable de l’autre. Au début du film, on va chercher à soigner, puis à enfermer, et enfin à faire disparaître. Face à cette progression assez angoissante, il y a aussi des réflexes d’amour inconditionnel, qui s’expriment notamment à travers le personnage du père d’Émile. C’est en cet aspect que le film défend une certaine idée de la désobéissance.

Le film surprend aussi par sa capacité à naviguer entre la comédie, le fantastique et le drame. Comment maintenir un tel équilibre?

La clé, c’est d’être proche de ses personnages. À partir du moment où on désire véritablement restituer les émotions et les expériences qu’ils vivent, je pense que tout devient possible. On peut passer de l’intime au spectaculaire, du tragique au burlesque, du réalisme au fantastique… Sans que ça ne pose de problème, parce que ce sont les personnages eux-mêmes qui nous y emmènent.

Cette interview est issue du Mag by UGC.

Le Règne animal, labellisé UGC Aime, est à découvrir actuellement dans nos cinémas.

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