Baby-sitter mystique chez Monia Chokri, actrice  incandescente chez Valeria Bruni Tedeschi… la surprenante Nadia Tereszkiewicz se glisse désormais dans la peau de Rosalie, une jeune femme à barbe bouleversante d’humanité. Rencontre.

Avant Rosalie, on vous apercevait dans La Danseuse (2016), le premier long de Stéphanie Di Giusto. Comment en êtes-vous venues à retravailler ensemble ?

Sur La Danseuse, j’ incarnais une silhouette. J’avais passé un casting en tant que danseuse, je n’avais pas vraiment de rôle à jouer. Je n’ai pas créé de contact avec Stéphanie à ce moment-là, mais j'étais très reconnaissante envers elle. Son film a ouvert chez moi des champs insoupçonnés de rêverie. À l’époque, je n’étais pas du tout cinéphile, c’est le film de Stéphanie qui m’a fait découvrir le milieu du cinéma. Ce n’est que sixans plus tard, quand je l’ai croisée par hasard dans la rue, qu’elle m’a proposé de passer les essais pour  Rosalie.

Comment s’est déroulée votre rencontre avec le personnage ?

Rosalie m’a bouleversée. Elle a une idée bien précise de la femme qu’elle veut être. Elle est à la fois, le reflet de la foi qu’on peut avoir dans la liberté de l’individu, et du rejet qu’une personne peut subir de la part de toute une communauté. Je me suis retrouvée dans le combat qu’elle mène pour  s’affranchir du regard des autres. Rosalie est une femme hors normes. Elle veut seulement aimer et être aimée, et je pense que c’est quelque chose dont on a tous besoin !

Le film est traversé par des questionnements très actuels, notamment sur la question de l’identité. Diriez-vous de Rosalie qu’elle est un personnage queer ?

Pour moi, Rosalie est un personnage queer parce qu’elle définit elle-même son identité. Ce que je trouve fou, c’est qu’elle doit prouver constamment aux autres qu’elle est une femme. À partir de là, la question se pose : qu’est-ce qui définit notre féminité ? Ce sont les autres qui voient en elle cette masculinité, qui lui attribuent une identité, une orientation sexuelle qui n’est pas la sienne. Pour moi, c’est quand Rosalie porte la barbe qu’elle devient une femme, parce que c’est sa manière à elle d’exprimer sa féminité.

Outre Clémentine Delait, célèbre femme à barbe dont est directement inspirée Rosalie, quelles étaient les références de la réalisatrice dans l’élaboration du personnage ?

J’ai l’impression que Stéphanie a voulu se détacher de toutes les représentations passées de la femme à  barbe. L’idée n’était pas d’en faire une freak, mais un personnage "banal". Il fallait presque qu’on oublie qu’elle porte une barbe. Pour préparer le rôle, j’ai regardé des films comme Rosetta (1999) des frères Dardenne, notamment pour la rage de vivre du personnage d’Emilie Dequenne.

Malgré sa force de caractère, Rosalie est aussi un personnage éminemment tragique.

Je ne pense pas que Rosalie soit complètement en souffrance. Malgré la cruauté du monde, elle continue à être positive, parce qu’elle croit en la possibilité d’un amour inconditionnel. Après, c’est vrai qu’elle vit des moments très forts, qui m’ont beaucoup affectée. Ce n’est pas tant la violence et le lynchage qu’elle subit qui m’ont fait le plus fait de mal, mais plutôt, par exemple, ce moment où le personnage joué par Benoît lui dit : "Tu n’es pas une femme". Ça, c’était horrible. Je m’étais dit que j’allais réussir à la jouer forte, mais c’était tellement intense que je me suis effondrée.

Cette collaboration avec Benoît Magimel qui incarne Abel, le mari de Rosalie, comment l’avez-vous vécue ?

Notre complicité est née au sein des scènes. Encore aujourd’hui, on ne se connaît pas vraiment, parce qu’on a surtout appris à se connaître à travers nos personnages. C’est complètement dingue ! Je me suis par fois sentie très seule sur ce tournage, mais ça a participé à quelque chose de vrai, et j’en suis très heureuse. Je sais que j’étais à un endroit où je ne mentais pas.

Vous avez remporté l’an dernier le César de la Révélation féminine grâce à votre rôle dans Les Amandiers de Valeria Bruni Tedeschi. Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis cette victoire ?

Tourner avec Valeria m’a transformée émotionnellement. Recevoir ce prix, c’est une immense reconnaissance. C'est très joyeux de se sentir bienvenue dans le milieu du cinéma. En revanche, je ne suis pas sûre de me sentir davantage légitime, car je suis quelqu’un qui doute en permanence. C’est plutôt comme si on me disait : "OK, tu as le droit de continuer !".

Cette interview est issue du Mag by UGC.

Rosalie, un film  labellisé UGC Aime, à découvrir actuellement au cinéma.

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