Auteur de théâtre vivant le plus joué au monde, lauréat de deux Oscars pour l’adaptation de sa propre pièce The Father (2020), avec Anthony Hopkins, le prodige Florian Zeller poursuit la reprise cinématographique de son œuvre avec The Son. Un film qui bouleverse non seulement par la partition transie de Hugh Jackman, mais aussi par son brûlant sujet. Rencontre.

En tant que metteur en scène, quels sont les défis dans le processus d'adaptation d'une pièce au cinéma ?

Florian Zeller : Lorsqu’on adapte une pièce de théâtre, on évoque souvent la nécessité d’ écrire de nouvelles scènes en extérieur. J’ai fait l’inverse avec The Father, que j’ai entièrement tourné dans un lieu clos. Le but était de placer le spectateur dans le cerveau du héros, afin qu’il puisse vivre de l’intérieur son expérience de démence sénile. Mais puisque The Son n’est pas une proposition immersive, cela m’a permis d’ouvrir davantage le film sur l’extérieur. Le tourner à New York s’est imposé, car je souhaitais que mon histoire charrie une forme d’universalité; je vois New York comme le carrefour du monde !

Que permet le cinéma que ne permet pas le théâtre, selon vous ?

Le cinéma, c’est l’art du gros plan. On peut y pénétrer des endroits invisibles au théâtre ; être si proche d’un personnage qu’on aurait presque l’impression de tomber dans son âme. Pour The Father, c’est comme si l’histoire prenait sa vraie dimension par le langage même du cinéma. C’est peut-être moins le cas de The Son, mais il me suffisait par exemple de filmer une machine à laver en marche pour évoquer le sentiment du tragique. Le cinéma permet de créer des images subliminales, qui travaillent sur l’inconscient du spectateur.

Faire du cinéma, est-ce aussi pour vous une manière de réinvention ?

Certes, mais c’est un prolongement de ce que j’ai toujours aimé faire : écrire des histoires, travailler avec des acteurs, partager des émotions avec le public. C’est ce que je retire de mon histoire avec le théâtre, qui est la seule forme d’art dans laquelle on assiste en direct à la réception de son travail. Quand ce qu’on a tenté d’offrir est bien reçu, c’est une joie très puissante. J’en garde la conviction qu’on ne fait pas de l’art pour soi, mais qu’on l’adresse toujours aux autres : ce n’est pas différent avec le cinéma, qui prend son sens dans le partage.

Après Le Père, adapter Le Fils vous est-il apparu comme une évidence ?

Je l’avais décidé avant même de réaliser The Father, car cette histoire me semblait nécessaire à raconter. D’autant plus nécesaire qu’on s’applique à ne jamais le faire. Le film traite de mal-être chez les jeunes, un sujet qui concerne énormément de gens mais qui reste nimbé de honte. Je voulais regarder frontalement cette souffrance et interroger la trajectoire des parents, qui n’ont pas toujours les bonnes clés pour aider leur enfant.

D’après vous, pourquoi est-ce un sujet si tabou ?

Il renvoie à l’insoutenable. Mais je sais que le temps fait qu’on change parfois de perspective : il y a 15 ans, l’addiction n’était pas prise au sérieux ! Il y plus longtemps encore, certains discours assimilaient l’autisme des enfants à une mauvaise éducation des parents. On pointait du doigt leur responsabilité, or c’est ce qui arrive actuellement avec les problèmes de mal-être. Cela génère beaucoup de culpabilité inutile.

Vous ne cherchez jamais à expliciter le mal-être de Nicholas. Comment avez-vous pensé sa représentation ?

Je voulais surtout ne pas l’expliquer, ne pas le justifier et donc ne rien résoudre. C’est l’inverse de ce qu’un scénariste est censé faire, mais c’était pour moi la manière la plus honnête d’aborder ce sujet. Dans la vie, cette souffrance se déploie précisément comme un grand mystère. Un trou noir capable d’absorber la lumière autour de lui. C’est parfois lié à un traumatisme clair, mais dans d’autres cas on n’en sait rien. On connaît tous des gens qui ont tout pour être heureux, mais qui sont assaillis d’une angoisse profonde. C’est difficile d’accepter qu’il n’y a pas de logique à cela. Les parents se demandent immédiatement: "Qu’est-ce que j’ai fait de mal ?" The Son raconte bien à quel point la culpabilité du père est aveuglante.

Cette intreveiw est issue du Mag by UGC.

The Son, à découvrir actuellement dans nos cinémas. Ce film a reçu le label UGC M.

 

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