À 39 ans, l’actrice Eye Haïdara s’impose comme une valeur sûre du cinéma français. Tout-terrain, elle brille du même éclat dans les films du duo Toledano & Nakache, de Michel Hazanavicius ou encore de Jean-Luc Godard. En novembre, c’est dans LA comédie qu’on attendait ce mois-ci, Les Femmes du square, qu’elle irradie en nounou d’enfer. Rencontre.

Vous n’hésitez pas à faire le grand écart entre cinéma d’auteur et comédie populaire. Qu’est-ce qui vous pousse à cela ?

C’est lié à la diversité des histoires qu’on me propose. Celle des Femmes du square m’a immédiatement séduite, avec cette héroïne romantique et frondeuse, à la palette de jeu très large. C’est un critère déterminant. Mais le cinéma, c’est aussi un métier de rencontres éphémères ; en tant que comédienne, j’aime cette instabilité. Si je devais toujours jouer les mêmes rôles, ce ne serait plus jouer ! (Rires.)

L’incarnation haute en couleur d’Angèle, votre personnage, est intimement liée à son costume.

Le costume doit signifier quelque chose, y compris lorsqu’on n’est pas à l’aise dedans. Cela implique un autre rapport au personnage. Pour Les Femmes du square, c’était tout l’inverse : j’ai insisté sur le terme de "double peau" car je voulais éviter à tout prix l’aspect déguisé du personnage. Angèle est certes habillée de manière surprenante, peu adéquate à l’univers des nounous, mais elle porte ces vêtements comme on porterait un jogging. Pour elle, ils ne sont pas provocants : ils reflètent simplement sa personnalité.

Le film parle aussi de situations complexes, vécues par les enfants. Votre complicité avec le personnage d’Arthur est très émouvante. Comment s’est-elle construite ?

Souvent, les enfants passent beaucoup de temps avec leur nounou et sont donc amenés à se confier, à se livrer autrement. Ils dévoilent des parts d’eux-mêmes auxquelles les parents n’ont pas accès. Le film est effectivement basé sur la relation fusionnelle entre Angèle et Arthur ; si jouer avec un enfant n’est pas simple, Vidal Arzoni, son interprète, est déjà acteur. Pour son jeune âge, je l’ai trouvé incroyablement curieux et passionné. C’était assez troublant !

Sur un plateau, quelle est votre cuisine personnelle ?

Je suis beaucoup dans ma tête. Le week-end, je prends beaucoup de plaisir à relire mes scènes et à réaliser ce que je m’apprête à traverser la semaine qui vient. J’en reviens au costume, mais l’enfiler le matin est comme un rituel sacré pour moi. L’enlever aussi, c’est important; je construis souvent mon style "de ville" par opposition à celui de mes rôles ! (Rires.) Retirer la botte du tournage pour enfiler une basket, c’est pour moi une manière de redescendre. J’ai aussi un autre rituel : sur un plateau, je déjeune très souvent seule. J’ai un vrai besoin de concentration, qui chez moi passe par le silence.

Vous avez débuté en 2007 dans le premier film d’Audrey Estrougo, Regarde-moi, qu’elle a réalisé très jeune. Quel souvenir gardez-vous de vos débuts ?

On avait toutes les deux 24 ans ! Déjà à l’époque, j’étais très investie. Ce n’était pas un rôle facile et j’ai beaucoup appris sur ce film. On parlait du fait de "quitter" son personnage en enlevant son costume : les premières fois, on a souvent la tête dedans, on veut se faire mal, on prend les choses à bras-le-corps. Quitte à garder beaucoup du personnage, même après le film. Lorsque je travaille avec de très jeunes acteurs, je retrouve cette énergie décuplée, où l’on en fait parfois beaucoup trop. C’est très beau à voir, et en même temps j’ai envie de leur crier de faire attention. Mais je sais qu’il faut en passer par là pour grandir…

En 2018, vous aviez participé au livre collectif Noire n’est pas mon métier initié par Aïssa Maïga. Avez-vous senti une évolution dans les mentalités, liées à la représentation des femmes noires à l’écran ?

C’est un livre auquel j’ai adoré participer. Pour ma part, j’y évoquais mon désir de "tout jouer" lorsque j’ai débuté ; petite, j’incarnais même des rôles de grand-père ! (Rires.) Plus on grandit et plus l’horizon des possibles s’affaisse ; moi, j’ai d’abord réalisé que je ne pourrais jouer que des femmes. Ma couleur de peau était un second affaissement. Mais si l’on va sur le terrain de la restriction des rôles, je considère avoir été sauvée par mes échecs. Certains ratages m’ont préservée, et puis le théâtre m’a ouvert les bras. Aujourd’hui, je considère avoir le privilège de choisir mes rôles.

Cette interview est issue du Mag by UGC.

Les Femmes du square, à découvrir dans nos cinémas dès le 16 novembre. Ce film a reçu le Label des spectateurs UGC.

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