Après Peter von Kant (2022), François Ozon présente Mon Crime, une pure comédie portée par les révélations Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz, dans la lignée de ses précédents succès, Huit Femmes (2002) et Potiche (2010). Entretien avec un cinéaste qui cultive le goût de la théâtralité sur grand écran

Mon Crime marque votre retour à la comédie burlesque. Vous aviez besoin de revenir à une certaine légèreté ?

François Ozon : Oui ! J’avais grand besoin de revenir à la comédie. Ma découverte de la pièce de Georges Berr et Louis Verneuil (Mon Crime, 1934) était propice à évoquer la condition féminine avec légèreté, humour et distance. Je considère le film comme le troisième volet d’une trilogie : Huit Femmes parlait du renoncement du patriarcat (les femmes prenaient le pouvoir car l’homme se suicidait), Potiche de l’avènement du matriarcat. Mon Crime figure le triomphe de la sororité, de la façon dont les femmes s’entraident pour s’en sortir. Je voulais raconter l’histoire de deux jeunes filles malines et intelligentes, qui parviennent à trouver leur chemin dans une période où les femmes étaient complètement sous le joug du patriarcat.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans l’œuvre d’origine ?

Ce qui m’a plu, c’est cette idée de la fausse coupable. J’adore les histoires de gens qui s’accusent. Ce que j’aime surtout, c’est le fait que le personnage de Madeleine soit une mauvaise actrice qui finit par devenir une bonne actrice grâce à un mensonge. C’est ce qui va lui permettre d’accéder à une forme de vérité, et ainsi de se trouver elle-même, et d’avoir du succès. L’acteur, c’est quelqu’un qui dit le faux pour dire le vrai.

Le film évoque l’ambiance propre aux screwball comedy des années 1930. Quelles ont été vos inspirations pour son esthétique ?

J’ai demandé au chef décorateur Jean Rabasse de s’inspirer du regard des Américains sur Paris dans les années 1930. Quand on voit les films qui s’y déroulent, notamment Sérénade à trois (1933) d’Ernst Lubitsch – qui a été tourné en studio à Hollywood – on réalise que c’est une vision complètement idéalisée de la ville. L’idée n’était pas de refaire Emily in Paris, mais de reproduire cette vision assez glamour d’un Paris stylisé.

Malgré ces influences, le film a aussi un côté très théâtral. Comment avez-vous réussi à concilier les deux?

J’aime beaucoup la théâtralité au cinéma, c’est quelque chose qui ne me fait pas peur, que j’assume complètement. Encore plus pour ce film, qui s’ouvre sur un rideau et se clôt sur une scène de théâtre. C’est finalement intrinsèque à l’histoire, parce qu’elle montre que la vie est une scène de théâtre, où tout le monde joue.

Vous adaptez à nouveau un texte que vous avez retravaillé pour qu’il résonne avec les enjeux actuels de l’époque. Qu’est-ce qui vous plaît dans cet exercice ?

Je pense qu’il est plus facile de rire de notre époque avec de la distance. Si j’avais raconté cette histoire de nos jours, ça n’aurait pas été une comédie, mais plutôt un drame, dans l’esprit de Grâce à Dieu (2018), qui était aussi un film sur la libération de la parole. J’aurai été obligé d’évoquer les réseaux sociaux, de faire référence à #MeToo… On y pense, car on a le regard d’aujourd’hui sur une période décalée, mais la distance permet de rire à propos de choses qui ne sont pas forcément drôles dans la réalité.

Vous confiez les deux rôles principaux à Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz. Avez-vous pensé à elles dès l’écriture du projet ?

Pas du tout, je ne les connaissais pas ! Elles avaient déjà tourné Simone, le voyage du siècle d’Olivier Dahan et Les Amandiers de Valeria BruniTedeschi au moment du casting, mais les films n’étaient pas encore sortis. Parmi toutes les autres actrices que j’ai rencontrées, elles étaient objectivement les deux meilleures. Pour ce film, il me fallait des actrices qui soient dans la complémentarité plutôt que dans la rivalité, qu’une certaine alchimie se ressente à l’écran.

Comment s’est passé la rencontre entre les actrices et les comédiens confirmés avec lesquels vous avez l’habitude de tourner ?

Ça s’est passé assez naturellement. C’est amusant, car Nadia et Rebecca étaient habituées à être présentes tous les jours sur le plateau, alors que les autres (Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, André Dussollier…), qui ne venaient que pour deux ou trois jours, étaient plus angoissés. Heureusement, ce sont des acteurs que je connais bien – excepté Dany Boon avec qui je travaillais pour la première fois –, ils font partie de la famille. D’autant que ce sont des "Rolls-Royce", ce n’était donc pas si compliqué que ça pour eux !

Cette interview est issue du Mag by UGC.

Mon crime, à découvrir dès maintenant dans nos cinémas. Ce film a reçu le Label des spectateurs UGC.

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