Récompensé par l’Oscar du meilleur film il y a quelques semaines, Nomadland de Chloé Zhao se cale dans la roue de Ford, Fonda et Steinbeck pour mieux raconter l’Amérique de 2021. Exceptionnel, dans tous les sens du terme.

Vous vous souveniez que Les Raisins de la colère n’avait même pas reçu l’Oscar du meilleur film ? En 1941, c’est le Rebecca d’Hitchcock à qui on offrait la récompense suprême. John Ford repartait certes avec la statuette de meilleur réalisateur et Jane Darwell avec celle du meilleur second rôle. Pas mal, mais ce seront les seules récompenses auxquelles aura droit ce chef-d’œuvre inoxydable, qui regardait droit dans les yeux l’Amérique de son époque. 
Entendons-nous bien : il n’est pas question d’affirmer ici que Rebecca ne vaut plus grand-chose dès lors qu’on met Les Raisins de la colère dans la balance, surtout pas. L’idée serait juste de constater qu’à partir de ce moment-là, l’Académie des Oscars semble installer une règle tacite : ne jamais offrir la plus belle des statuettes à un film auscultant de trop près l’Amérique contemporaine.
Si l’institution n’a jamais eu de problèmes à récompenser des œuvres ouvertement politiques, et parfois transgressives, elle l’a toujours fait à condition qu’elles prennent leur distance avec les Etats-Unis (Parasite, Slumdog Millionaire…) ou avec leur époque (12 Years a Slave, Green Book, Forrest Gump…). Il y a bien eu une poignée d’exceptions à la règle mais elles concernent essentiellement les années 70 (Macadam Cowboy, Rocky, Voyage au bout de l’enfer…), décennie en tout point unique, donc assez peu révélatrice d’une quelconque méthode.

Nomadland rejoint ainsi un club très fermé, composé de grands films osant chroniquer l’Amérique de son temps. Il y a eu Les plus belles années de notre vie en 46, Sur les quais en 54, Démineurs en 2008, et… et…. et peut-être qu’on en oublie, mais pas beaucoup. Evidemment, cette (splendide) anomalie n’apparaît pas à n’importe quel moment dans la grande timeline du pays. Donald Trump vient de faire ses valises laissant un pays toujours plus fracturé entre (ultra) riches et (supra) pauvres. C’est cet instantané que cherche à capturer Chloé Zhao. Son film sera le témoin d’une époque, peut-être bientôt révolue, espérons-le, où le prolétariat US peut basculer en un claquement de doigt dans la précarité absolue et le nomadisme. 
Plus de mari, plus de boulot, plus de jeunesse : Fern, l’héroïne de Nomadland, n’a plus qu’à tracer la route vers le grand nulle part, en quête de jobs plus ou moins périssables. C’est une version féminine et esseulée de Tom Joad, le héros des Raisins de la colère, et une manière pour la réalisatrice de raconter un peu de ses influences et beaucoup de son ambition (colossale). De la même manière que le récit du John Ford se déroulait onze ans avant sa sortie, le film de Chloé Zhao vient prendre ses racines en 2011, mais ça n’en fait pas un film d’époque pour autant, bien au contraire. Nomadland, c’est du contemporain pur jus, l’histoire qu’il fallait nous raconter à tous en 2021. La preuve même la vieille académie des Oscars n’a pas su lui résister.  

Jean-Michel Lassault

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