Actrice au long cours et réalisatrice de talent, la Canadienne Sarah Polley convoque un casting féminin de haute volée (Rooney Mara, Jessie Buckley, Claire Foy…) dans un film qui fait la part belle aux dialogues, en remettant la parole des femmes au centre. Rencontre.

Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter de réaliser l’adaptation du livre de Miriam Toews, Women Talking (2018, basé sur des faits réels) ?

Je suis tout simplement tombée amoureuse du livre. J’ai été absolument fascinée par cette démocratie radicale qui se construit autour de ces femmes. D’abord, par la capacité qu’elles ont de se convaincre mutuellement, mais aussi parce qu’elles débattent davantage de ce qu’elles souhaitent construire plutôt que de ce qu’elles voudraient détruire. Selon moi, c’est une conversation très importante, car nous devons désormais réfléchir à des alternatives à la société patriarcale. Le fait que ces femmes commencent justement à imaginer ce que pourrait être le futur… c’est passionnant.

Vous avez déjà travaillé avec des actrices exceptionnelles, notamment Julie Christie (Loin d’elle, 2007) et Michelle Williams (Take this Waltz, 2010). Dans Women Talking, vous réunissez un casting impressionnant. Comment avez-vous procédé ?

Le casting a été très long, parce que nous ne devions pas seulement trouver les actrices qui seraient parfaites pour le rôle, il fallait aussi réunir des femmes qui seraient capables de travailler toutes ensemble, pendant un long moment, dans un environnement clos. L’enjeu était de rendre tangible ce sentiment de communauté soudée, en regroupant des actrices capables de se soutenir et de faire de la place les unes aux autres.

En quoi était-ce important pour vous de faire entendre la parole de ces femmes ?

C’était important, car ce sont des femmes qui n’avaient, jusqu’à présent, jamais eu voix au chapitre dans leur communauté. Le fait qu’elles s’autorisent enfin à se réunir, afin de déterminer la manière dont elles souhaitent créer leur propre société, régie selon leurs propres conditions, c’est un processus vraiment exaltant.

Le film raconte l’histoire de l’organisation d’un départ inévitable. Pourquoi avoir choisi de laisser l’avenir de vos personnages en hors-champ ?

Il me semble que le plus important à propos du film, c’est le fait que ces femmes décident toutes ensemble de sauter le pas. Elles ne savent pas dans quoi elles s’embarquent, ni même si elles vont y survivre, mais le fait est que l’inconnu et ses possibilités sont bien plus attirants que la rigidité et la pression d’un monde qu’elles connaissent pourtant si bien.

Vos personnages font face à des problématiques rencontrées par un très grand nombre de femmes aujourd’hui. Avez-vous pensé cette colonie comme une version miniature de nos sociétés ?

Je l’ai davantage imaginé comme une fable, une allégorie. Cependant, le film rentre en effet en résonance avec le débat social actuel – qu’il s’agisse du débat sur le genre ou sur tous les autres types d’oppressions et de marginalisation – autour duquel les gens tentent de s’organiser, afin de changer les choses.

Les agressions sexuelles subies par les femmes de la communauté ne sont jamais représentées frontalement, mais vous les figurez à travers le motif marquant des draps ensanglantés.

Je ne voulais pas montrer la violence de l’acte en elle-même, car cela ne me semblait pas nécessaire. Selon moi, il est rare que la violence sexuelle dans les films ne soit pas, d’une certaine manière, sensationnalisée, voire fétichisée. Ce qui comptait pour moi, c’était de montrer l’impact qu’ont ces violences sur les femmes, et la manière dont elles décident de s’en sortir, à la fois individuellement et en tant que communauté.

Pensez-vous que le succès et la visibilité de Women Talking encouragera davantage de réalisatrices à faire entendre leurs voix au cinéma ?

Oui, je l’espère. J’ai été inspirée par énormément de réalisatrices avant moi, et je pense qu’il est beaucoup plus facile de s’imaginer faire quelque chose quand quelqu’un qui nous ressemble s’autorise aussi à le faire. C’était certainement le cas pour moi en tant qu’actrice : travailler avec d’autres réalisatrices m’a beaucoup aidé à m’imaginer dans ce rôle.

Cette interview est issue du Mag by UGC.

Women Talking, à découvrir actuellement dans nos cinémas.

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